Vous êtes ici

Comment faire... - Vendredi 29 Avril 2022

Évaluer l'information (partie 1) : Eviter les biais cognitifs et mesurer la fiabilité et la pertinence de l’information

Au cours de vos recherches documentaires et d’une manière générale pour vous renseigner dans un domaine, vous serez constamment amenés à évaluer l’information

C’est une étape clé de la démarche méthodologique documentaire, qui peut intervenir à différents moments de vos recherches, selon que vous avez déjà l’information à disposition ou qu’elle est le résultat de tout un processus de recherche que vous aurez mis en œuvre. 

Dans le premier cas, vous partez d’un corpus déjà connu, et avez besoin d’en vérifier la valeur : pouvez-vous raisonnablement vous appuyer sur cette information dont vous disposez pour effectuer vos analyses, faire vos recommandations, présenter vos synthèses, exposés, etc. ? Le cadre méthodologique de l’identification et de la réduction des biais cognitifs sera alors votre premier outil d’évaluation de l‘information.
S’informer représente un effort, a un coût en termes de temps et de réflexion notamment. Il est plus aisé de rester dans sa zone de confort, et les biais cognitifs sont là pour nous y aider ! Nous avons ainsi tendance à juger de nouvelles informations d’après nos connaissances acquises, en les remettant en question le moins possible. Nous sommes également plus enclins à entendre ce qui nous confirme dans nos croyances, etc. Le schéma ci-dessous entre dans les détails des principaux biais cognitifs que nous devrions éviter lors d’une recherche d’information. Plus de détails à ce sujet.

codex-biais-cognitifs-01fr.png

Jm3, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Dans le second cas, l’évitement des biais cognitifs aura déjà été mis en œuvre lors de l’identification de vos besoins d’information, et vous aura aidé à déterminer quels manques combler, correctifs apporter, pistes explorer. Au mieux, l’évaluation de l’information trouvée se fera donc sur un corpus constitué en ayant déjà pris soin d’éviter les biais cognitifs. Vous pourrez alors appliquer d’autres outils, issus d’autres cadres méthodologiques. Le premier d’entre eux est le couple classique qualité / pertinence que l’on peut synthétiser par la liste de points à vérifier ci-dessous :

  • Fiabilité : qualité intrinsèque de l’information
    • Qui est l’auteur ? Son activité professionnelle ? Son éventuelle institution de rattachement ? Est-il reconnu dans son champ de compétence ?
    • Quel est le support de l’information ? Une revue grand public, professionnelle ou académique ? Un blog d’expert, un site institutionnel ? Quels sont ses financements ? Son audience ? Ses objectifs ?
    • De quand date l’information ? Est-elle suffisamment à jour pour le domaine étudié ? Est-ce que l’historique des concepts et phénomènes présentés est bien pris en compte ? L’information est-elle bien située aussi sur des périmètres géographiques, sociologiques..etc ?
    • Quelle est la forme du document ? Journalistique, avec les faits principaux énoncés en premier et l‘approfondissement dans le corps du texte ? Académique, avec une introduction énonçant les objectifs de la recherche et la méthodologie employée, et une conclusion permettant d’en connaître les principaux résultats ?
    • Quels liens permet de faire la source ? Les références citées sont-elles reconnues dans leur domaine, ouvrent-elles de nouvelles perspectives de recherche ? Via les notes de bas de page ou de fin de document, via la bibliographie, peut-on trouver d’autres sources utiles ?
  • Pertinence : utilité de l’information pour un besoin précis
    • Le contenu abordé est-il en rapport avec tout ou une partie de mon champ d’investigations ?
    • Le niveau de précision est-il celui qui convient à mes recherches ? Ni trop généraliste, ni trop pointu ? Est-ce que le ou les angles d’approches sont suffisamment variés et approfondis pour couvrir mes besoins d’information ?
    • En fonction de mon besoin précis en termes de périmètres temporel, géographique et autres, la couverture proposée par la source est-elle satisfaisante ?
    • Le style et la forme des documents vont-ils correspondre à ce qui est attendu dans ma restitution : exposé, note de synthèse, revue de presse, étude de marché, article, mémoire, thèse professionnelle…etc
    • Les sources complémentaires accessibles via le document consulté apportent-elles des précisions utiles pour la recherche qui est faite ? Permettent-elles de la compléter ?

Ces critères d’évaluation sont particulièrement importants dans le contexte actuel de passage croissant du monde de l’imprimé, avec sa typologie stable de documents issus d’un processus éditorial sélectif, aux ressources numériques, donnant accès à des fragments d’information dont la provenance n'est pas toujours clairement visible. La seconde partie de ce Zoom s’attachera aux spécificités du contexte informationnel actuel et à ses conséquences sur l’évaluation de l’information.  

En effet, un autre cadre méthodologique permet de s’interroger sur ce qui fait la valeur d’une information d’un point de vue plus général, pas forcément afin de produire un résultat ponctuel précis. Mais cette réflexion n’est pas sans pertinence dans un contexte d’enseignement supérieur, de recherche, et de formation à la citoyenneté.

 

Notez ce contenu