Comment trouver... - Mercredi 09 Février 2022
La sobriété numérique
C’est une expression qu’on entend de plus en plus : qu’est-ce que la sobriété numérique précisément ? Très récemment, la plupart de nos activités sont passées en ligne lors de la circonstance exceptionnelle de la pandémie de Covid-19. Mais cela n’a fait qu’accentuer une tendance de fond. Le numérique est maintenant omniprésent dans nos vies : quels sont les risques d’un excès ? A partir de quoi définir cet excès ? Comment se manifestent les conséquences de l’usage du numérique dans différents champs : économie, société, écologie ?
Pourquoi accoler ce terme de sobriété au numérique en particulier ? Est-ce deux termes que l'on ne peut vraiment penser l'un sans l'autre ?
Le numérique représente en effet une énorme consommation de ressources et une émission considérable de déchets, dont le CO2 contribuant au réchauffement de la planète. Mais historiquement il a été présenté, peut-être même pensé comme un processus de dématérialisation. Donc une manière de poursuivre la croissance économique en épargnant les ressources naturelles. A tel point qu'aujourd'hui, le terme de numérique est souvent accolé au terme de transition écologique, comme s'il permettait de poursuivre le Business As Usual sous des habits neufs. En quoi est-ce une illusion ? Pourquoi cette illusion perdure-t-elle ?
Quant à la réflexion sur la sobriété, ou décroissance de notre consommation de ressources naturelles, elle remonte au moins au premier choc pétrolier de 1973, mais elle est peut-être aussi ancienne que l'écologie en tant que sentiment de la nature et de sa préservation. Elle n’a donc pas attendu l’avènement du numérique pour émerger.
Alors, “sobriété” et “numérique” sont-ils deux termes associés ou antinomiques ? L’expression “sobriété numérique” est-elle le même type d'oxymore que l'expression "croissance verte" ?
Pour vous faire votre propre avis sur ces questions décisives pour l’avenir de nos sociétés, le K-lab vous propose une sélection de documents et d’acteurs clés sur la question, ainsi que deux types d'événements :
- Captation de la rencontre des Déjeuners Climatiques du 27 janvier 2022 en visioconférence : Fabrice Flipo, auteur de "L’impératif de la sobriété numérique" paru aux Editions Matériologiques en 2020, nous parle de son travail de recherche sur la question du poids croissant des technologies digitales dans nos vies et sur l’environnement. Bien au-delà d’un simple moyen de communication, le numérique est présent aujourd’hui dans l’ensemble des chaînes logistiques de l'économie mondiale, alors que sa production tout autant que son usage sont pour une grande part insoutenables écologiquement. Quels choix pourrions-nous faire pour changer sensiblement de trajectoire ?
- L’atelier du K-lab "Ecolo Geek: sobriété numérique, quelles bonnes pratiques" Depuis 2019, l’équipe du K-lab propose régulièrement cet atelier qui permet de sensibiliser et questionner la communauté Essec (étudiants, staff, participants de la formation continue) sur ses usages du “numérique” ; l’occasion de revenir sur les concepts phares, discuter des bonnes pratiques pour s’affranchir du greenwashing. Un atelier d’une heure qui mêle esprit critique et engagement citoyen en donnant les clés pour agir.
Pour participer à cet atelier, deux possibilités s’offrent à vous :
- Suivez l’actualité des “Ateliers du K-lab”
- Contactez le K-lab pour organiser une séance
Courte sélection de ressources sur la sobriété numérique, à trouver au K-lab de l’ESSEC ou en accès libre sur internet :
- Sur le poids global du digital :
- Fabrice Flipo, L’impératif de la sobriété numérique : l’enjeu des modes de vie
- Frédéric Bordage, Tendre vers la sobriété numérique : je passe à l'acte
- EcoInfo du CNRS
- Sur l’extractivisme minéral :
- Philippe Bihouix, « Smart world vs « monde d’après » : quelle technologie pour demain ? », L'Économie politique, 2021/2 (N° 90), p. 48-61.
- Guillaume Pitron, “Quand le numérique détruit la planète”, le Monde diplomatique, octobre 2021
- Guillaume Pitron, L'enfer numérique : voyage au bout d'un like, Les Liens qui libèrent, 2021
- L’association Systex, Rapport d'étude : Controverses minières, Volet 1. 16 novembre 2021
Vous cherchez à vous outiller et maîtriser au mieux les enjeux liés à la sobriété numérique, voire, passer à l’action ? Plusieurs initiatives et ressources ont retenu notre attention :
- Participer à un atelier ludique et collaboratif avec la fresque du numérique. Un format récréatif qui vous permettra durant 3 heures d’échanger, de découvrir et de déconstruire certaines idées reçues sur le sujet.
- Vous auto-former avec des MOOCs :
- Numérique Responsable. L’INR (Institut du Numérique Responsable) vous propose un parcours complet de 4h30 avec notamment un focus sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour réduire notre impact numérique.
- Impacts environnementaux du numérique de l’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), 5h pour “apprendre à mesurer, décrypter et agir pour trouver sa place de citoyen dans un monde numérique”
Le numérique n’a pas que des conséquences environnementales. Il est aussi un facteur déterminant de l’évolution de nos sociétés avec des effets autant sur la qualité de nos relations interpersonnelles au travail et dans l’espace public, que sur nos capacités d’attention et de concentration à titre individuel. Ceci fera l’objet de prochains “zooms sur”.
Illustration : Muntaka Chasant, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons